Dans l'enfer des mines de Potosi

Du 13 au 14 Mai

Potosi, perchée à 4070m, ne ressemble en rien aux autres paysages jusqu'alors rencontrés. Connue pour son Cerro Rico, son "Mont Riche" truffé d'argent, elle a été fondée en 1545 afin d'exploiter la mine de cette montagne. L'argent extrait pendant près de 3 siècles fit la richesse de la couronne Espagnole à la sueur du front des mineurs boliviens (Indiens à l'époque). Il paraitrait que les quantités d'argent extraites sont telles qu'un pont d'argent pourrait être construit entre le Cerro Rico et la capitale Espagnole Madrid. Certains rajoutent même que les ossements des mineurs morts à la tâche le permettraient également.

 

La ville aujourd'hui, beaucoup moins peuplée qu'à l'époque de la colonisation, reflète la splendeur coloniale passée. L'UNESCO a inscrit Potosi au Patrimoine mondial de l'humanité en 1987 en raison de son passé mouvementé et tragique et de sa très belle architecture coloniale.

 

Arrivé un dimanche dans la ville, nous aurons pu nous ballader tranquillement dans l'ambiance festive de la ville au rythme des bandas qui défilaient dans les rues.

Après longue hésitation, nous déciderons d'aller tous les 2 "visiter" les mines. Aujourd'hui, celles-ci ne détiennent plus autant de richesses qu'auparavant et l'argent n'est plus le seul minerai à être extrait : zinc, étain, plomb... Pour avoir de l'argent à foison, il leur faudrait creuser beaucoup plus en profondeur ce qui risquerait de détruire totalement la montagne.

 

Les mineurs sont des travailleurs indépendants affiliés à des coopératives dont le salaire dépend de ce qu'ils extraient de la mine. Autrement dit, il y a des mineurs riches et des mineurs pauvres. Les conditions de travail ne se sont pas améliorées depuis l'époque coloniale. Aucun moyens ne sont mis à leur disposition pour travailler (les mineurs doivent acheter leur propre pelle, bottes, dynamites...) mais surtout aucune mesure de sécurité n'y est réellement déployée. L'espérance de vie d'un mineur est de 50 ans. Ils travaillent 8 à 15 heures par jour dans le noir complet, 7/7j la majorité du temps. Nous avons donc expérimenté pendant 2h30 l'environnement glauque et dangereux de la mine. Expérience inoubliable mais sutout plus que difficiles physiquement et mentalement...

 
Après nous être équipés, direction le magasin des mineurs pour leur acheter gants, coca, et dynamite (nous ne faisions pas trop les malins...). Une fois le rituel pour toute nouvelle personne entrant dans la mine effectué - à savoir faire une offrande d'alcool pour la Pachamama (déesse de la Terre) et boire cet alcool de 96 degré (ça arrache!) - nous pouvons entrer dans la mine. Aucune structure pour la consolider, l'entrée est un trou et les galeries sont creusées telles quelles dans la roche. Debout, courbés, accroupis, nous finirons même par ramper. L'air manque, les odeurs sont noséabondes, génantes (et nous le savons, toxiques). Dans cet environnement, la peur s'installe très vite. Nous nous enfonçons dans d'étroits couloirs à la rencontre des mineurs reclus dans de minuscules cavernes pour extraire l'argent. Mais comment font ils pour passer ici avec leurs sacs remplis de pierres quand nous passons difficilement sans aucun sac ? Dans certains endroits, il fait 40°! La chaleur est difficile à supporter et il faut vraiment se concentrer pour respirer. On ressent presque le poids de la montagne sur nous... Sensation terrifiante...

 

Les sueurs de ces mineurs nous tordent le coeur. Leurs paroles sont dures et crues et leurs témoignages poignants.

 

Nous ne pouvons tout raconter dans un article mais nous sommes sortis de cette mine soulagés de voir le jour et de pouvoir respirer mais également consternés et tristes en pensant à ceux qui y sont restés. Nous n'imaginions pas à ce point la difficuté et le danger des mines pour ces mineurs. Heureusement, nous n'avons vu aucun enfant travailler et les guides nous assurent qu'il n'y en a pas. D'autres affirment pourtant le contraire en précisant que ces enfants travaillent dans les galeries les plus profondes. Affligeant...

 

Il est donc difficile de ne pas culpabiliser d'avoir fait une sortie touristique dans ce genre d'endroits. Cela nous a tout de même permis deux choses :

Prendre vraiment conscience de l'enfer que vivent ces mineurs au quotidien et les avoir aider un minimum (en leur ayant acheté des outils pour travailler et en ayant choisi une agence reversant une partie du montant du billet aux coopératives). Maigre consolation...

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Commentaires: 4
  • #1

    Mémé (mardi, 29 mai 2012 03:41)

    C'est pas possible ... Comment vous faites pour vous immerger dans l'enfer de ces mineurs ... Ils sont nombreux les touristes à faire , comme vous , ce plongeon dans l'abîme ...je rends hommage à votre courage et votre honnêteté de comprendre et témoigner . La photo souriante de nos deux charmants mineurs , c'était avant ? Après, j'en doute , les uniformes sont trop impeccables, d'une part, et la mine (visage)
    ne devait pas être la même ...
    Ouf , on est content de revoir le jour , comme tu dis ... La vie reprend ses quartiers ...
    J 'ai vu un beau plateau de fruit avec plein de bananes ( sur le marché )
    As-tu mangé des bananes ??? C'est à dire : est-ce que ça va l
    Toujours en attente de vos nouvelles découvertes et aventures
    Gros bisous de bonne santé et de grande forme .

  • #2

    Jeff (mercredi, 30 mai 2012 12:01)

    Expérience qui semble aussi intéressante qu'éprouvante. Bel article!

  • #3

    Laurence (lundi, 04 juin 2012 16:38)

    Témoignage poignant. On ressent ce que vous avez vécu en vous lisant.
    Gros bisous

  • #4

    paillou (mercredi, 20 juin 2012 16:00)

    super expérience d'après ce que je lis !! A quand des nouvelles news ??

 

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